L’open innovation 2.0

L’open innovation est aujourd’hui un modèle d’innovation de plus en plus reconnu et pratiqué par les entreprises, grands groupes comme ETI. Hackathons, séances de pitchs, “challenges”, visites d’acculturation, découvertes d’incubateurs et d’accélérateurs … Bon nombre d’outils favorisant la “coordination” autour des projets d’innovation se multiplient. Ces initiatives ont le mérite de permettre aux entreprises de mettre “le pied à l’étrier” et de confronter l’ensemble de leurs collaborateurs à l’univers des startups et au potentiel de l’innovation, tout en valorisant de manière non négligeable leur image employeur.

Mais une fois cette étape achevée, comment aller au delà ? Qu’est-il possible de faire de plus, ou différemment, pour aller encore plus vite et atteindre au travers de l’open innovation un impact visible et durable sur la performance business et sur la croissance ?

Plus de projets réussis. Moins de rencontres, plus de rencontres qualifiées. Moins de partenaires, plus de partenaires pertinents et qualifiés. Des budgets d’open innovation maitrisés, flexibles, capables de s’adapter aux capacités d’investissements ponctuelles d’une entreprise. Moins d’outils et de services autour du “comment”, et plus autour du “pourquoi”? Autant de “sérendipité”, mais avec quels objectifs ? Quelle performance (économique) ?

Le constat terrain rejoint de nombreux rapports et études réalisés aussi bien aux Etats Unis que dans l’Union Européenne (citons à titre d’exemple les travaux de l’OISPG au sujet d’un nouveau paradigme). Les entreprises ayant déjà emprunté le chemin de l’open innovation se doivent de chercher un modèle plus mature et performant.

QU’ENTENDONS-NOUS PAR INNOVATION OUVERTE INNOVATION 2.0 ?

L’open Innovation 2.O se base sur une collaboration intégrée, une valeur partagée co-créée, ainsi que sur l’interaction optimale entre les écosystèmes d’innovation. Ce paradigme mène à maturité et rend durable l’avantage d’une stratégie d’innovation “collective” impliquant l’intervention de différents acteurs, telle que mise en oeuvre dans l’innovation ouverte classique. Cependant cette nouvelle génération d’open innovation offre des outils plus performants qui permettent d’obtenir de bien meilleurs résultats. La numérisation, la collaboration de masse et les besoins en matière de durabilité sont en train de créer un cadre de collaboration unique favorisant une nouvelle approche de l’innovation. Le passage de l’innovation ouverte au modèle 2.0 (OI2) permet d’optimiser le processus. Les outils numériques permettent de sourcer de manière fiable des startups qui répondent parfaitement au besoin identifié. Les risques d’échec sont ainsi considérablement revus à la baisse.

L’OPEN INNOVATION DANS L’INDUSTRIE

Pour rester dans la course sur des marchés ultra-concurrentiels, les industries n’ont d’autre choix que d’innover constamment. Mais lorsqu’une entreprise a toujours fonctionné selon un modèle ou avec un certain type de produits, il peut être difficile de mettre en œuvre une démarche d’innovation en interne.

L’open innovation peut être une solution à cette problématique parce que cette méthode repose donc sur la capacité par les grandes entreprises et ETI, à reconnaître qu’il existe une limite à fournir le niveau d’innovation nécessaire en interne et à pallier cette difficulté grâce à une expertise externe. Cette prise de conscience est devenu nécessaire compte tenu de l’accélération de l’introduction des nouvelles technologies, de l’augmentation de l’intensité de la compétition et de la réduction du time to market. Plus particulièrement, l’open innovation invite à se tourner vers des start-ups, qui ont les idées, mais pas les moyens de les mettre en place. Et avec un nombre de startups en France estimé à plus de 10 000, un véritable vivier d’innovation est accessible pour les industries.

QUELS SONT LES ATOUTS DE L’OPEN INNOVATION ?

Pourquoi opter pour l’open innovation quand on peut créer en interne une équipe, ou un service dédié à l’innovation ? Les raisons sont diverses, mais résultant principalement de problématiques de temps et de budget :

  • Un gain de temps sur la composition de l’équipe
  • Une réduction du temps de développement des produits
  • Une optimisation de la rentabilité du service R&D en réduisant les coûts
  • Une diminution des risques grâce au partage des coûts

Les bénéfices sont donc de taille et c’est pour cette raison que les projets en open innovation sont de plus en plus nombreux. Parmi les exemples de collaborations réussies, on note par exemple celle du groupe Total avec la start-up Mister Asphalt, qui a permis de développer et mettre en place un procédé de transport simplifié du bitume. De son côté, la SNCF a réalisé, en 2014, un travail avec la start-up Lookies pour développer un programme d’analyse de l’affluence et les temps d’attente en gare.

COMMENT SE MET EN PLACE UNE DEMARCHE D’OPEN INNOVATION ?

Pour les grands groupes, l’open innovation n’est pas uniquement « trouver une startup capable de répondre à un besoin d’innovation ». Bon nombre de grands groupes sont allés jusqu’à créer leur propre incubateur pour lancer des startups sur le marché.

  • C’est le cas de Mister Asphalt, qui a été créé dans les locaux de Total. Renault, de son côté, dispose de plusieurs Renault Open Innovation Lab, dans lesquels des startups voient le jour en collaborant avec le géant de l’automobile.
  • Quant à PSA Peugeot Citroën, il a développé un réseau de 16 OpenLabs en partenariat avec des universités à travers le monde. Quand bien même ces exemples semblent démontrer l’efficacité du système, il est de bon ton de se demander s’il s’agit d’une solution véritablement rentable sur le long terme. Combien de startup faut-il voir défiler au sein de l’incubateur pour obtenir une solution à mettre sur le marché ?

Une autre solution, préférée des ETI ou PME, consiste à faire appel à une société spécialisée dans l’innovation ouverte. Ces entreprises mettent en relation les entreprises avec des startups par le biais notamment de ce que l’on appelle des innovathons ou challenges d’open innovation. Le but ? Durant le challenge, chaque startup met en place et défend sa solution devant une ou plusieurs entreprises afin que celles-ci puissent sélectionner leur futur partenaire d’innovation. Mais pour que la démarche fonctionne réellement, encore faut-il que le profil de la startup sélectionnée pour collaborer corresponde vraiment au besoin de l’entreprise, et vice versa. Malheureusement, bon nombre de collaborations n’aboutissent à aucun business, dû à une mauvaise approche au départ.

LES BESOINS D’INNOVATION DES ETI

En France, les ETI représentent ¼ des dépenses de recherche, qu’il s’agisse d’innovation sur leurs produits et services ou d’innovation en interne. En 2016, environ 60% des ETI ont innové, par le dépôt d’un brevet, le lancement d’un nouveau produit, ou l’acquisition d’une licence. En constante démarche d’adaptation, les ETI mettent en œuvre des stratégies très variées pour y parvenir, y compris des partenariats avec des startups. Leur effectif compris entre 250 et 4999 salariés leur permet d’avoir les ressources pour innover. Cependant, restant à taille humaines, elles disposent également de circuits de décision courts qui leur permettent d’être réactives.

L’innovation technologique n’est que la partie visible de l’iceberg. En réalité, les ETI sont également dynamiques en termes d’innovations marketing. Face à la digitalisation, les entreprises en général, et à fortiori les ETI, n’ont pas d’autre choix que de s’adapter. En interne se mettent donc en place de démarches d’innovation pour trouver le mode de communication qui fera la différence face à la concurrence. Les ETI mettent en place leur stratégie digitale avec une efficacité redoutable en adoptant les réseaux sociaux, en créant un blog ou en mettant en place une communication spécifique.

On voit de plus en plus de startups qui s’imposent avec un discours connivant, cherchant à séduire aussi bien les clients que des jeunes talents pour rejoindre leurs rangs. Mais ce ne sont pas les seules ; les ETI savent également mettre en place de nouvelles politiques en interne. Politique de recrutement, de gestion des salariés… Le fonctionnement de ces entreprises est parfois revu de fond en comble pour cheminer vers une plus grande satisfaction des salariés et une meilleure productivité. Là où les grandes entreprises restent souvent figées dans leurs principes, les ETI s’adaptent rapidement.

Pour les ETI aussi cette solution est de plus en plus adoptée :

  • Chantelle a collaboré avec la startup Gowento pour mettre en place une solution d’engagement mobile déployée dans tous les magasins Orcanta.
  • Dans un tout autre domaine, la biscuiterie Poult, entreprise de plus de 130 ans, s’est appuyée sur la startup Ubleam pour développer son premier biscuit connecté distribué à des patients de la clinique Pasteur.

L’innovation n’est pas seulement une capacité à proposer en permanence de nouveaux produits sur le marché. Les ETI vont bien au-delà, en s’adaptant constamment et sur tous les plans. Les nombreux partenariats qui voient le jour entre ETI et startups sont d’ailleurs la démonstration de cette capacité à se moderniser et à innover.

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/aussi

  • Open innovation is an important component of the foreseen European Innovation System, where all stakeholders need to be involved and create seamless interaction and mash-up for ideas in innovation ecosystems.
  • Henry Chesbrough, Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology (2003) (pdf)
  • Center for Open Innovation, Berkeley University.